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Les agriculteurs quasi-unanimes sur la loi EGalim : ça ne paie pas

Quelle unanimité ! 91 % des agriculteurs de notre baromètre estiment ne pas avoir été mieux rémunérés sur leurs productions à la suite de la loi EGalim dont l’objectif, justement, est d’améliorer leurs revenus.

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Par certaines mesures prises dans la loi EGalim, le secteur agricole avait caressé l’espoir d’enregistrer un effet notoire sur la rémunération des producteurs. Or, un an après, le bilan dressé n’abonde pas dans ce sens, voire, au contraire, présente une situation aggravée, pas seulement pour les agriculteurs mais aussi pour des PME et TPE.

Dans le sondage ADquation-Agrodistribution présent, la perception de cette loi et de ses effets escomptés est clairement exprimée : 9 agriculteurs sur 10 affirment n’avoir observé aucune amélioration de la rémunération de leurs productions. Avec un « pas du tout » pour 75 % (jusqu’à 87 % dans le Sud).

À l’Ouest et au Sud, un avis encore plus tranché

La région Ouest, où 95 % des agriculteurs n’estiment connaître aucune amélioration avec cette loi, est l’une des plus catégoriques, alors que le secteur laitier, bien présent, a connu quelques avancées en regard des autres secteurs de production (lire ci-dessous).

La plus tempérée est la région Centre qui enregistre 84 % de « non ». Toutefois, elle compte le plus d’exploitants ne connaissant pas la loi EGalim avec 10 %, soit deux fois plus que les 5 % de la moyenne des 404 personnes interrogées.

Certes, discerner le véritable impact de la loi dans le prix n’est pas aisé, tout comme les répondants peuvent être influencés dans leur réponse par l’opinion ambiante diffusée autour d’elle.

Un bilan EGalim réalisé par le Sénat

Cependant, le groupe de suivi au Sénat de la loi EGalim a dressé un bilan fort étayé un an après son lancement, tout en résumant que « la loi EGalim ne garantit en rien à l’agriculteur un revenu couvrant au minimum son coût de revient ».

Les dernières négociations commerciales annuelles entre les industriels et les distributeurs se sont traduites par une déflation générale des prix d’achat aux fournisseurs en 2019 de  0,4 %. Sauf pour les produits laitiers qui ont connu une hausse de 1,4 %. Cependant, les EGalim n’expliqueraient qu’une partie de cette hausse. Dans leur rapport du bilan, les sénateurs précisent que « d’après certains observateurs, une moitié de la hausse des tarifs accordés aux producteurs s’expliquait par l’augmentation des cours sur le marché et que l’autre moitié provenait d’un effet EGalim de redistribution des hausses de tarifs accordés par les distributeurs aux industriels ».

Au contraire, les charges seraient alourdies

L’esprit de la loi Egalim était de permettre une meilleure redistribution vers les fournisseurs et, ensuite, les producteurs, en incitant les distributeurs à réaliser une péréquation des marges avec la hausse du seuil de revente à perte. Mais l’effet ruissellement escompté n’a pas eu lieu.

D’autre part, le rapport du Sénat souligne que « la loi EGalim a prétendu sauver le revenu des agriculteurs en n’agissant qu’hypothétiquement sur une petite partie des recettes (moins d’un cinquième), sans jamais s’interroger sur les charges subies par les exploitants. Au contraire, cette même loi a sans doute considérablement alourdi les coûts d’exploitation dans son titre II. »

Hélène Laurandel

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